vert. W. Hofman (p. 31)
Nederlands | Frans section I -- sectie II
I
[...]
II
Je moet ook zeer beleefd zijn voor de aarde
En aardig voor de zon
Je moet hen ’s morgens
Bij het opstaan bedanken
Bedanken
Voor de
warmte
Voor de bomen
Voor de vruchten
Voor alles wat lekker is
Voor alles wat mooi is om te zien
Of fijn om aan te raken
Je moet ze
bedanken
Je moet ze niet jennen of katten
Zij weten wat ze doen
De
zon en de aarde
Je moet ze met rust laten
Anders worden ze kwaad
En dan
Verander je
In een komkommer
In een watermeloen
Of in een
vuursteentje
En dan sta je er mooi op…
De zon is verliefd op de
aarde
De aarde is verliefd op de zon
Moeten zij weten
Dat is
hun zaak
En als er zonsverduisteringen zijn
Is het dom en brutaal
Om naar hen te loeren
Door van die vuile stukjes glas
Zwart van het
roet
Zij hebben woorden
Een onderonsje
Je moet je er niet mee
bemoeien
Want
Als je je erin mengt
Loop je kans te veranderen
in
een bevroren aardappel
Of in een strijkijzer
De zon is verliefd
op de aarde
Zo is dat nu eenmaal
De rest gaat ons niet aan
De
aarde is verliefd op de zon
En ze draait rond
Om zich door de zon
Te laten bewonderen
Hij vindt haar mooi
En beschijnt haar
En als
hij moe is
Gaat hij slapen
Dan komt de maan op
De maan is de
oude liefde van de zon
Maar zij was jaloers
Zij kreeg haar straf
Ze
is door en door koud geworden
Alleen ’s nachts laat ze zich zien
Je moet ook beleefd zijn voor de maan
Zo niet maakt ze je een pietsje gek
En zij kan jou ook
Als ze dat wil
In een sneeuwpop veranderen
Of in
een lantaarnpaal
Of in een kaars
Tot slot samengevat
Dubbele
punt aanhalingstekens :
“Iedereen ter wereld moet beleefd zijn voor
de wereld
anders komen er oorlogen…, plagen, aardbevingen,
overstromingen, geweersalvo’s…
En van die akelige grote rode mieren die
’s nachts in je slaap je voeten afknagen.”
Soyez polis I
Couronné
d’étincelles
Un marchand de pierres à briquet
Élève la voix le soir
Dans les couloirs de la station Javel
Et ses grands écarts de
langage
Déplaisent à la plupart des gens
Mais la brûlure de son
regard
Les rappelle à de bons sentiments
Soyez polis
Crie
l’homme
Soyez polis avec les aliments
Soyez polis
Avec les
éléments avec les éléphants
Soyez polis avec les femmes
Et avec les
enfants
Soyez polis
Avec les gars du bâtiment
Soyez polis
Avec le monde vivant.
II
Il faut aussi
être très poli avec la terre
Et avec le soleil
Il faut les remercier
le matin en se réveillant
Il faut les remercier
Pour la chaleur
Pour les arbres
Pour les fruits
Pour tout ce qui est bon à manger
Pour tout ce qui est beau à regarder
À toucher
Il faut les
remercier
Il ne faut pas les embêter… les critiquer
Ils savent ce
qu’ils ont à faire
Le soleil et la terre
Alors il faut les laisser
faire
Ou bien ils sont capables de se fâcher
Et puis après
On
est changé
En courge
En melon d’eau
Ou en pierre à briquet
Et on est bien avancé…
Le soleil est amoureux de la terre
La terre
est amoureuse du soleil
Ça les regarde
C’est leur affaire
Et
quand il y a des éclipses
Il n’est pas prudent ni discret de les
regarder
Au travers de sales petits morceaux de verre fumé
Ils se
disputent
C’est des histoires personnelles
Mieux vaut ne pas s’en
mêler
Parce que
Si on s’en mêle on risque d’être changé
En pomme
de terre gelée
Ou en fer à friser
Le soleil aime la terre
La
terre aime le soleil
C’est comme ça
Le reste ne nous regarde pas
La terre aime le soleil
Et elle tourne
Pour se faire admirer
Et
le soleil la trouve belle
Et il brille sur elle
Et quand il est
fatigué
Il va se coucher
Et la lune se lève
La lune c’est
l’ancienne amoureuse du soleil
Mais elle a été jalouse
Et elle a été
punie
Elle est devenue toute froide
Et elle sort seulement la nuit
Il faut aussi être très poli avec la lune
Ou sans ça elle peut vous
rendre un peu fou
Et elle peut aussi
Si elle veut
Vous changer
en bonhomme de neige
En réverbère
Ou en bougie
En somme pour
résumer
Deux points ouvrez les guillemets :
« Il faut que tout
le monde soit poli avec le monde ou alors il y a des guerres… des épidémies
des tremblements de terre des paquets de mer des coups de fusil…
Et de
grosses méchantes fourmis rouges qui viennent vous dévorer les pieds pendant
qu’on dort la nuit. »
Jacques Prévert