Epistre envoyée par Clement Marot à Monseigneur le Daulphin, pour retourner en France. Pour visiter ses Marotteaux composition, summer 1535 [before 10 August - sudden death of the Dauphin] at Ferrara first publication - anonymous and undated [but by F. Juste, Lyon, 1536. Identification of printer by G. Berthon & W. Kemp]. The text published below is from the Manuscript of Chantilly (with two corrections). In this epistle Marot uses a playful tone to move the Daulphin (heir to the throne) to help him plea with his father, the King, for his return to France (Italicized). Of his 'return-epistles' this is the most delightful, but at the same time serious and revelatory. In this he as much as confesses that he has spoken to frankly in the past. Now he promises keep silent, not to 'mention God' anymore, and for the rest to 'poltroniser' (an Italianism referring to dissilulation, also italicized). Au tresvertueux prince, Françoys, Daulphin de France En mon vivant n'apres ma mort avec, Prince royal, je n'entrouvry le bec Pour vous prier: or devinez qui est ce Qui maintenant en prent la hardiesse? Marot bany, Marot mis à requoy, C'est luy sans autre. Et sçavez vous pourquoy Ce qu'il demande a voulu vous escrire? C'est pour autant qu'il ne l'ose aller dire. Voylà le poinct: il ne fault point mentir Que l'air de Frace, il n'ose aller sentir: Mais s'il avoit sa demande impetrée, Jambe ne teste il n'a si empestrée, Qu'il n'y volast. En vous parlant ainsy, Plusieurs diront que je m'ennuye icy, Et pensera quelque caffart pellé Que je demande à estre rappellé. Non, Monseigneur, ce que demander j'ose Des quatre pars n'est pas si grande chose. Ce que je quiers, et que de vous j'espere, C'est qu'il vous plaise au Roy, vostre cher pere, Parler pour moy, si bien qu'il soit induict A me donner le petit saufconduict De demy an, qui la bride me lasche, Ou de six moys, si demy an luy fasche. Non pour aller visiter mes chasteaulx, Mais bien pour veoir les petis maroteaux, Et donner ordre à ung faiz qui me poise. Affin aussy que dire adieu je voyse A mes amys, à mes compaignons vieulx, Car vous savez (si fais je encores myeulx) Que la poursuyte et fureur de l'affaire Ne me donna jamais temps de ce faire. Aussy affin qu'encor ung coup j'accolle La Court du Roy, ma maistresse d'escolle. Si je voys là, mille bonnetz ostez, Mille bons jours viendront de tous costez. Tant de dieugardz, tant qui m'embrasseront, Tant de salutz qui d'or point ne seront. Puis (ce dira quelque langue friande), Et puis Marot, est ce une grande viande Qu'estre de France eslongné, et bany? Pardieu, Monsieur (ce diray je), nenny. Lors des cheres et des grans accollées Prendray les bons, laisseray les vollées. Adieu Messieurs, adieu donq mon mignon. Et cela fait, verrez le compaignon Bien desloger, car mon terme failly, Je ne craindray synon d'estre assailly Et empaulmé: mais si le Roy vouloit Me retenir ainsy comme il souloit, Je ne dy pas qu'en gré: je ne le prinse, Et puis il fault obeir à son prince. Il le feroit s'il sçavoit bien comment Depuis ung peu je parle sagement, Car ces Lombars avec qui je chemine M'ont fort apris à faire bonne myne, A ung seul brin de Dieu ne deviser, A parler froid, et à poltroniser. Dessus ung mot une heure je m'arreste S'on parle à moy, je respondz de la teste. Mais je vous pry mon saufconduict ayons, Et de cela point ne nous esmayons. Assez aurons espace d'en parler, Si une foys vers vous je puis aller. Conclusion: royalle geniture, Ce que je quiers n'est riens qu'une escripture Que chascun jour on baille aux ennemys On la peult bien octroyer aux amys. Et ne fault jà qu'on ferme la campaigne Plustost à moy qu'à quelque Jehan d'Espaigne, Car quoy que né de Paris je ne soys, Point je ne laisse à estre bon Françoys. Et si de moy (comme j'espere) on pense, J'ay entrepris faire pour recompense. Ung oevre exquis, si ma Muse s'enflamme, Qui maulgré temps, maulgré fer, maulgré flamme, Et maulgré mort, fera vivre sans fin Le Roy Françoys, et son noble Daulphin. |