| Donne response à mon present affaire, Docte docteur. Qui t’a induict à faire Emprisonner depuis six jours en ça Ung tien amy, qui onc ne t’offensa? 5 Et vouloir mettre en luy crainte, & terreur D’aigre justice, en disant que l’erreur Tiens de Luther? Point ne suis Lutheriste, Ne Zvinglien, encores moins Papiste, 9 a Je ne fuz onq, ne suys, & ne seray, b Sinon Chrestien, & mes jours passeray c S’il plaist a Dieu, soubz son filz IESVchrist.[2] 10 Je suis celluy, qui ay faict maint escript, Dont ung seul vers on n’en sçauroit extraire, Qui à la Loy divine soit contraire. Je suis celuy, qui prends plaisir, & peine A louer Christ, & sa Mere tant pleine 15 De grâce infuse: et pour bien l’esprouver, On le pourra en mes escriptz trouver. Brief, celluy suis, qui croit, honnore, & prise La saincte, vraie, & catholique Eglise. Aultre doctrine en moy en veulx bouter: 20 Ma Loy est bonne. Et si ne fault doubter, Qu’à mon pouvoir ne la prise, & exaulce, Veu qu’ung Payen prise la sienne faulse. Que quiers tu donc, ô Docteur catholique? Que quiers tu donc? As tu aulcune picque 25 Encontre moy? ou si tu prends saveur A me trister dessoubz aultruy faveur? Je croy que non: mais quelcque faulx entendre T’a faict sur moy telle rigueur estendre. Doncques refrains de ton couraige l’ire. 30 Que pleust à Dieu, qu’ores tu peusses lire Dedans mon corps de franchise interdit, Le cueur verrois aultre qu’on ne t’a dit. A tant me tais, cher Seigneur nostre Maistre, Te suppliant, à ce coup amy m’estre. 35 Et si pour moy à raison tu n’es mis, Fais quelcque chose au moins pour mes amys, En me rendant par une horsboutée La liberté, laquelle m’as ostée. |